Croissance exponentielle des prescriptions, qui, dans un nombre non négligeable de cas, sont réalisées dans des situations inappropriées ou avec un risque accru d'hémorragies… Les dernières données concernant les nouveaux anticoagulants oraux (NACO) préoccupent les autorités sanitaires, qui devaient annoncer des mesures le 26 novembre, au siège de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Le dossier est complexe et sensible. Les anticoagulants sont indispensables pour traiter phlébites et embolies pulmonaires, et prévenir les accidents vasculaires cérébraux en cas de fibrillation auriculaire, un trouble du rythme cardiaque qui augmente avec l'âge. Mais leur maniement est délicat, avec des risques accrus de saignements ou de thromboses en cas de surdosage ou de sous-dosage. Les anticoagulants oraux de référence, les anti-vitamine K (AVK), sont ainsi impliqués dans 5 000 décès par an en France.
L'arrivée des NACO, molécules d'action plus ciblée et qui ont l'avantage théorique de ne pas nécessiter de contrôle de routine (contrairement aux AVK), a été accueillie avec enthousiasme. Trois sont commercialisés : Pradaxa, Xarelto et Eliquis. Mais ces médicaments, surveillés de très près par les autorités, font l'objet de débats sur leur intérêt thérapeutique par rapport aux AVK, d'autant que leur coût est cinq fois plus élevé.
POUR L'ANSM, NI MÉSUSAGE NI ALERTE
La tension est montée d'un cran en octobre avec le dépôt de plaintes contre le laboratoire Boehringer Ingelheim (fabricant du Pradaxa) et l'ANSM, à la suite de quatre décès. « A ce jour, nous avons déposé huit plaintes, une douzaine sont sur mon bureau », indique l'avocat, Me Philippe Courtois. Les données de la CNAM confirment la croissance rapide des prescriptions de NACO depuis 2011. 265 000 Français en consomment, contre un million pour les AVK. En moins d'un an, près de la moitié des patients débutant un traitement anticoagulant oral ont reçu un NACO « alors que la Haute Autorité de santé a positionné les AVK en référence et les NACO comme alternative », insiste Pierre Fender, médecin-conseil national adjoint de la CNAM.
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